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2010 Bio Céline Revercez

UNIVERSITÉ DE LIÈGE

Faculté de Philosophie et Lettres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laurent Impeduglia

 

Séminaire d’Histoire de l’art de l’Epoque contemporaine : le XXe siècle

 

Professeur : Julie Bawin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Céline REVERCEZ

2e Master en Histoire de l’art et archéologie à finalité didactique

2009-2010

 

 

Biographie de l’artiste

 

Laurent Impeduglia est un peintre, un dessinateur et un sculpteur né à Liège en 1974. Dés son enfance, il se met au dessin et ce par le biais de la bande dessinée qu’il affectionne particulièrement. C’est donc tout naturellement qu’il se dirige vers des études secondaires à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. A l’âge de 16 ans, il y suit l’enseignement de Daniel Fourneau. Ce dernier lui montre pour la première fois la possibilité d’une peinture non académique. Il poursuit ses études supérieures au sein de cette même académie et en sort diplômé en 1999. Année durant laquelle il obtient un premier prix(1).

Jeune artiste, il présente ses œuvres lors de diverses expositions collectives(2) et diffuse également son travail par le biais du collectif liégeois Mycose(3).

Il faut attendre 2003 pour qu’une exposition individuelle lui soit consacrée dans une galerie de Bruxelles. Laurent Impeduglia s’expose aussi dans des galeries bien connues du milieu de l’art contemporain liégeois ; la Galerie Flux , Les Brasseurs, l’Espace Uhoda. Cependant, le marché de l’art dérange l’artiste, le principe de l’œuvre d’art réduite à sa simple valeur marchande ne correspond en rien à la philosophie du peintre. C’est pourquoi il peint «Art is Money"(4) en réaction au marché de l’art et en référence à Damien Hirst, véritable businessman de l’art contemporain.

En 2007, Impeduglia réalise une exposition aux Brasseurs, «Passage», qui constitue, pour lui, un véritable tournant au sein de sa carrière. A cette époque, l’artiste aspire à autre chose et éprouve le désir de s’exporter. L’occasion se présente lorsque le responsable des éditions Bongout à Berlin, Christian Gfeller, ouvre sa propre galerie. Le peintre liégeois avait, dans le passé, publié plusieurs fanzines avec cet éditeur. Le berlinois lui propose donc d’exposer ses œuvres avec d’autres artistes tel que Manuel Ocampo(5) et Kottie Paloma ce qui est une aubaine pour Laurent Impeduglia car cet artiste lui permet de présenter actuellement son travail dans une galerie de San francisco. Ces deux centres artistiques que sont Berlin et San Francisco offrent une certaine reconnaissance à l’artiste, ce qui semble lui procurer un plus grand épanouissement personnel.

Aujourd’hui, Laurent Impeduglia vit et travaille à Liège. Il est chargé d’enseignement à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. Néanmoins, il ne met pas son travail artistique de côté. Début de cette année, il publie aux éditions Bongout son fanzine «Bora Bora».

 

 

Analyse de l’œuvre 

 

L’œuvre(6) de Laurent Impéduglia est résolument tournée vers la narration et plus particulièrement vers le récit autobiographique. C’est avec un goût de nostalgie que l’on décortique ses toiles. Cette nostalgie qui pour lui est comme un hommage rendu à son passé.

Les sources d’inspirations de l’artiste sont diverses et nombreuses. Ses tableaux sont comparables aux écrans de jeux d’arcade des années 80. Il n’y a pas de réelle profondeur, plutôt une impression de plan incliné à quarante cinq degrés. Les aplats de couleurs forment une légère perspective. Les fonds blancs nous plongent dans un monde intemporel, une sorte de «joyeux bordel» où se côtoieraient King Kong, l’Incroyable Hulk, Godzilla, E.T., Mickey, Donald, Batman, les Schtroumpfs, etc. Ce sont les héros de son enfance qu’il représente. C’est un véritable bestiaire issu de la culture populaire américaine qui nous est donné à voir. Certes, la culture américaine nourrit fortement l’imaginaire de l’artiste, mais ne l’empêche pas d’insérer, également, des éléments tirés d’une culture très locale(7).

Le dessin occupe une place très importante dans l’œuvre de Laurent Impeduglia mais il aime néanmoins laisser la place à l’accident, laisser évoluer ses toiles au moment même où il les compose. L’artiste compare lui-même cela à une sorte d’exercice d’écriture automatique.

L’image, Laurent Impéduglia la recycle, son dessin est travaillé de façon naïve, de manière enfantine. Il est indéniable que le travail du peintre est teinté d’humour, d’absurde et de dérision. Cependant, cette notion doit être nuancée. En effet, dans un monde singulier, une rencontre improbable se produit, celle d’un héros de comics qui symbolise l’enfance et la vie avec la mort. L’idée de mort est omniprésente au sein de ses compositions et se traduit par la présence de fantômes, de squelettes, de pierres tombales, de crânes, de la couleur noire. Pourtant, la mort, Laurent Impeduglia semble la défier. Comme-ci la conscience de cette mort nourrissait l’envie qu’il a de construire sa vie et de garder espoir en elle. De nombreux symboles corroborent cette idée. Sans cesse, la référence au culte catholique transparaît ; la figure du Christ, les croix, la montagne, la grotte, l’église. Tous ces éléments font le lien entre la terre et le ciel, où l’espoir renaît. La religion catholique est, en réalité, un prétexte pour évoquer de manière générale l’idée de la spiritualité. Cette spiritualité, l’artiste la tourne au ridicule par des moyens plastiques. Par exemple, il désacralise la figure du Christ en la dotant d’attributs propres aux héros de bande dessinée(8). Cette pratique témoigne de la dérision qui scande l’ensemble de son œuvre.

Le thème du cheminement est aussi très présent dans son travail. Les chemins qu’il emprunte, les portes qu’il passe sont parfois le moyen de s’éloigner de la mort ou peut-être traduisent-ils aussi une envie viscérale de quitter Liège(9).

L’exposition «Passage» qu’il réalise aux Brasseurs en 2007(10) est très représentative d’une autre thématique récurrente dans l’œuvre de Laurent Impéduglia. Celle de la construction. En effet, l’installation qu’il imagine transforme l’espace en véritable chantier. Au sol, sont disposées des briques, une bétonneuse, une brouette, des maquettes d’église et de châteaux fortifiés en terre cuite(11). Ces divers éléments empruntés au monde de la construction servent le propos de l’artiste qui est de se construire soi même, de trouver son propre chemin. «Passage» est aussi à comprendre comme une métaphore de sa propre vie. Au travers de ses toiles, l’artiste se représente, se raconte, se met lui-même en action.(12)

Par ses compositions, Laurent Impeduglia exprime l’intérêt qu’il porte au mysticisme, aux théories ésotériques, à la doctrine kabbalistique et aux symboles de l’alchimie. L’emploie des chiffres, tel que le nombre treize et la présence répétée du diamant(13) en sont des exemples. La forme du diamant est utilisée presque de façon obsessionnelle, on le retrouve sous forme de losange et même les maisons nous semblent être taillées comme lui.

La couleur occupe une place très importante au sein de son œuvre. Les teintes sont vives, saturées, intenses, lumineuses. Elles marquent un fort contraste avec les masses noires et nourrissent le côté ludique et enfantin de ses tableaux. En comparaison avec les peintures et dessins exposés aux Brasseurs, le travail sur la couleur a subi une nette évolution durant ces trois dernières années. D’un côté, elle est présente par touches et semble être maîtrisée par l’artiste et d’un autre côté, elle contribue à nourrir une impression de désordre. 

 

 

Influences et comparaisons

 

La première véritable rencontre artistique de Laurent Impeduglia s’effectue avec son ancien professeur, Daniel Fourneau. Avec lui, il apprend qu’il existe une autre manière de peindre que celle des « dali » et autres.. Le jeune peintre sera longtemps marqué par cette influence. Par la suite, son intérêt se porte sur les œuvres de l’américain Jean-Michel Basquiat. Il apprécie aussi le courant dit «néo-expressionnniste» allemand formé par Georg Baselitz, A.R. Penck, Jörg Immendorff.

Il y a quelques année(14), il rencontre Walter Swennen à la galerie Nadja Vilenne, un artiste belge qui vit et travaille à Anvers. Face aux œuvres du peintre anversois, Laurent Impeduglia prend conscience qu’une peinture peut être réduite à l’essentiel. Une notion dont il s’inspirera par la suite.

L’œuvre de Laurent Impeduglia est aussi influencée par certains mouvements américains des années 90 dont l’inspiration principale est la culture «street» (graffiti, comics, cartoon, etc.). En particulier, le mouvement « Beautiful Looser » dont font partie les artistes Chris Johanson et Barry McGee(15). Le travail d’un autre artiste californien l’intéresse, il s’agit d’Ed Templeton(16) ancien skateur professionnel adepte, comme lui, du Do it yourself.

L’œuvre de Laurent Impeduglia peut-être rapprochée de celle de l’artiste luxembourgeois, Michel Majérus. Mais ce uniquement en ce qui concerne le recyclage de l’imagerie populaire et la réappropriation de codes provenant de la culture urbaine.

A l’instar de nombreux artistes contemporains, ses compositions renvoient à différents thèmes et motifs qui ont jalonné l’histoire de l’art. Aussi, nous ne nous étonnerons pas de reconnaître une allusion à Piet Mondrian(17) ou à Pieter Bruegel l’Ancien(18).

 

 

 

 

Conclusion

 

L’œuvre de Laurent Impeduglia est homogène, les thèmes y sont récurrents et s’imbriquent les uns aux autres. Ses compositions narratives sont une profusion d’images et de signes où une multitude de symboles s’entrechoquent. Il y quelque chose de chaotique et de ludique à la fois. C’est un univers décalé où mythologie enfantine et morbidité se côtoient.         Son travail est résolument inspiré par la culture des années 80 et 90 et les nombreuses références à la culture populaire confèrent à l’œuvre une certaine universalité. Mais elle n’en reste pas moins une œuvre très personnelle.

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Articles de Presse :

- COSTE, C., Au-delà des murs, in Flux News, n° 44, Liège, septembre 2007.

- GUERISSE, M., Build your life, in Journal des Brasseurs, Liège, juin 2007.

- HENKINET, C., Under construction, in Art Même, n°44, Liège, 2007.

- LEGRAND, D., Laurent Impeduglia au pays des merveilles du maçon, in Le Mad, Liège, septembre 2007.

- MATHIEU, D., Make a wish, build your life, in Journal des Brasseurs, juin 2007.

- DE RUYTER, T., (…), Bongout Gallery, Berlin, 2008.

- (…), in Arte News, n° 39, Bruxelles, septembre 2007, p. 56.

Site internet :

 

- www.impeduglia.com

- www.brasseursannexe.be

- www.spac.be

- en.wikipedia.org/wiki/Ed_Templeton

- en.wikipedia.org/wiki/Chris_Johanson



  (1) Prix Horlait-Dapsen.   
  (2)Voir Annexe   
 (3) Edition indépendante de BD alternative regroupant des auteurs et dessinateurs belges.                                                                                                                                                                                                                     

 (4) Laurent Impeduglia, Art is Money, acrylique sur toile, 2003, 138x134 cm.      

(5) Né en 1965 aux Philippines, vit et travaille à Los Angeles. Artiste actif au sein du mouvement «Lobrow».

 (6) oeuvres  produites après 2007.

(7)  Pride of Belgium, huile sur toile, 100x120 cm, 2009.

(8) Voir annexe, Top of Pop, huile sur toile, 100x120 cm, 2009.

(9)  En référence à l’installation des Brasseurs en 2007.

(10)  Exposition organisée à Liège dans le cadre du cinquième cycle d’expositions individuelles «Dissidence».

(11) COSTE C., Au-delà des murs, Flux News, n° 44, septembre 2007.

(12) Popular Culture, huile sur toile, 600x220, 2007 (voir annexe) , The Passager, huile sur toile, 300x200,

2006-2007.

(13) Le diamant  représente  pour l’artiste la pierre phylosophale.

 

(14) Environ deux, trois ans avant l’exposition de 2007 aux Brasseurs.

(15)  Noms cités par l’artiste lors de l’entretien.

(16) Une rétrospective lui est actuellement consacré au S.M.A.K. de Gand.

(17)  Bora Bora’s, huile sur toile, 130x170 cm, 2009.

(18) Voir annexe, Tower of Bubbles, huile sur toile, 100x120 cm, 2009.